Chroniques de Crow

Né on suppose pendant la période Beta de la saison froide du mois de Mars de l'an 472 après le début de l'air Onyrienne, Crow ne sait de sa naissance que ce que lui a raconté son père adoptif quand celui-ci se plaisait à conter l'histoire de ses origines pour se moquer de lui : c'est-à-dire l'histoire d'un enfant maigrelet enroulé dans une fine peau tannée aux couleurs sombres d'une créature dont on ne connaît l'obscure nature, une bien maigre protection contre le froid hivernal qui sévissait à cette époque de l'année dans les montagnes glacières de Noclune.

Doriath Finwëanor, tel était le nom du guerrier Moriquendi (ou Paladin de la nuit) de la ville de Sylvaforis qui l'avait recueillit, aimait aussi crier sur tout les toits qu'il avait arraché le ballot au prix de sa vie - pensant y trouver un quelconque artefact - à l'étreinte d'un griffon énorme aux apparences squelettiques, il entrait alors dans la description de la-dite créature avec fougue et des mimes dynamiques qui frisaient le ridicule : décrivant son aspect sinistre de son corps à moitié décharné qui laissait entrevoir par endroit son ossature, de son odeur putride semblant venir des lambeaux de chaire calcinée qui s'en détachait sans que cela ne l'inquiétât le moins du monde, des orbites creuses dont l'on pouvait voir la moisissure qui s'y logeait, et de son long bec par lequel sortait des flammes noires qu'il comparait souvent au feu éternel du Grand Masaru. Il ponctuait souvent sa description en jetant un regard méprisant à Crow - qu'il avait nommé ainsi pour être souvent sollicité par la curiosité de certain(e)s à l'égard d'un nom si peu commun, à réitérer le récit de son exploit - tout en lui lançant que cette créature après l'avoir engendré, avait préféré se débarrasser de lui, finissant sa phrase par un rire grotesque avant de s'effondrer dans les bras d'une catin sous les effets de l'alcool.

C'est ainsi que Crow fut relégué au rang des serviteurs, car même si celui-ci était bien un Paladin de la nuit, chez les Moriquendis les orphelins et les enfants abandonnés étaient les bâtards illégitimes dont l'on préférait nier l'existence. De plus les Finwëanor avaient toujours été de père en fils des guerriers, et Crow avait montré dés son plus jeune âge son aptitude à contrôler les forces mystiques.

Pourtant le jeune garçon n'en voulait pas au destin pour cette infortune, au contraire, car cela lui avait permis d'être très vite confronté aux personnes du sexe opposé trouvant ainsi dans les bras de cette plaisante compagnie le réconfort qui lui manquait. Jusqu'au si loin que remonte ses souvenirs, il avait pu y soulager son désir gratuitement, se rendant peu à peu, au fil des années maître de ce terrible fléau dont se voit affligé la gente masculine, celui de ne pouvoir par élan de désir ou d'amour résister au charme des femmes.

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Quand il atteignit plus ou moins sa 10ème année, il s'échappa par une journée de grosses averses du domaine Finwëanor où il était l'esclave de son prétendu sauveur. En ces temps de Beltaine, la pluie redoublait la puissance des fleuves, on disait que Masaru lui-même se réveillait pour sillonner tout Oniirys et faire couler les bateaux de tout marin assez fou pour le défier. Crow dut donc se déposséder de toutes ses maigres possessions pour qu'un batelier, avide de rentré chez lui, veuille bien le prendre sur son embarcation clandestinement pour lui faire passer les eaux de Noclune, qui à l'approche de la saison froide commençaient à geler. Débarqué au lagon des Sept Vents qui était le repaire de la cour des miracles d'Eridu plus connue sous le nom d' "Antichambre des Paladins Oubliés", où l'on trouvait coupe-jarrets, putains et créatures marines de tout genre, il se jura de plus jamais être sous l'emprise des chaînes de la contrainte quelles qu'elles soient.

Pour gagner son pain quotidien certains lui dirent qu'il avait l'habilité d'un voleur, d'autres qu'il pouvait vendre son physique facilement mais rien de tout cela ne l'intéressait, c'est dans l'arène de la rue qu'il essaya tant bien que mal de gagner sa croûte. Les primes gagnées lors de ces combats de rue lui permettaient de subsister pendant quelques périodes voir un mois entier, mais très vite il se rendit compte à ses dépends que la force brute lui faisait défaut et qu'elle était sa plus dangereuse ennemie. C'est donc dans le but de pouvoir vaincre cette menace omniprésente, qu'il entreprit de s'érudir et d'en apprendre plus sur les sciences occultes dont il était dépositaire car il savait que si sa puissance magique était suffisante, il pouvait vaincre n'importe quel combattant aguerri avant que celui-ci n'ait le temps de le toucher. Quand fut venu le moment de choisir, il prit comme alliée, l'Eau, pas seulement parce qu'il avait trouvé refuge dans une ville de cet élément mais aussi parce que cette dernière semblait avoir le pouvoir de soulager les maux, et qu'allier le pouvoir de la Destruction à celui de la Guérison ne pouvait faire de lui qu'un magicien des plus accomplis.